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4e Reich

le tartinable aux lentilles qui te fera marcher au pas de l’oie

Maintenant je vais être franc avec toi, parce que tout le monde mérite au moins un tout petit peu de respect : être vegan et avoir la flemme, c’était un putain de calvaire jusqu’à l’avènement de la glorieuse civilisation phénicienne. Ces salauds ont beau avoir été les précurseurs des croisières de gros beaufs en méditerranée, où des touristes gras comme des porcs ont le privilège de bosser leur cancer de la peau en même temps que leur infarctus pendant que Mamadou et ses copains font leur formation accélérée de brasse coulée à quelques encâblures de là, ce sont aussi les auteurs de la huitième et méconnue merveille du monde : le putain de houmous.

On croyait que la partie était gagnée, et qu’avec comme seule arme un bol de purée de pois chiches, la communauté vegan pourrait mettre le monde à genoux façon Gengis Strauss-Khan. Seulement voilà frère, je te le dis en vérité, je sors de six mois au frais pour soigner mon addiction aux pois chiches, et là, je vais avoir besoin de tartiner un truc gras et salé sur un bout de pain avec le crew, ouais, là, tout de suite : les vrais savent.

Alors si tu veux bosser tes bourrelets sans risquer un retour à la case HP, suis patiemment mes conseils, et je te jure qu’avec ça, la Cause pourra entrer dans un nouvel Âge d’Or. C’est à la suite d’une nouvelle vision mystique procurée par un bouchon de tahiné dans mes artères que le nom de ce succulent tartinable m’a été révélé : le Quatrième Reich.

Premièrement, il te faudra une cargaison de lentilles vertes cuites. Premièrement, tu laisseras les oies marcher tranquillement de leur pas caractéristique, et tu achèteras des lentilles « au naturel », qu’ils disent. Les individus de race supérieure achèteront des lentilles sèches, biologiques et locales, qu’ils feront tremper et cuire dans une cocotte en fonte façon Bismarck. Le laurier dans l’eau de cuisson est un atout non négligeable pour donner du goût à cet or brun (tu seras maudit jusqu’à la 5e génération si tu omets d’enlever les feuilles ensuite).

Prends le temps d’égoutter ton trésor protéiné, trop d’eau ruinera la recette aussi sûrement que l’hiver russe en 1941.

Si tu es un habitué du houmous maison, tu sais que le robot mixeur est la Solution Finale à la question de la texture. Tu peux commencer à disposer une portion généreuse de lentilles dans le récipient du mixeur.

Concernant les proportions de cette recette, sers-toi de ton jugement, au lieu d’obéir aux ordres comme un idiot, ça t’évitera peut-être de commettre l’irréparable la prochaine fois qu’un gros porc dans un costume street-crédible prétend t’élever à ta place naturelle. Goûte ta préparation à plusieurs reprises, tu trouveras le dosage qui te convient.

Tu peux ensuite déverser sur les lentilles les ingrédients suivants :

– du tahiné : il consolidera ta préparation comme le mortier entre les pierres du Reichstag. Sois conscient que les lentilles en purée sont bien plus liquides que les pois chiches. Selon la quantité que tu mets, tu auras sois un rendu léger comme l’armée belge, sois une texture charpentée façon blitzkrieg : libre à toi de choisir ton camp (ce qui n’est pas donné à tout le monde, crois-moi) ;
– de l’huile : l’olive est fortement conseillée ici. Tu peux tenter des expériences contre-nature si ça te plaît, mais souviens-toi, je ne pourrai pas forcément garantir ton exfiltration en Amérique du Sud si les choses venaient à mal tourner ;
– du jus de citron et de l’ail : quel tartinable sérieux n’en contient pas ?
– au rayon épices je te suggère l’estragon et l’aneth, qui exploseront ton palais façon Einsatzgruppen ;
– quel bon Dieu d’idiot oublierait de mettre du sel ?

Je te préviens, une consommation excessive de 4e Reich transformera tes fèces en shrapnel, mais en dehors de ce détail de l’Histoire, le 4e Reich devra trouver sa place sur ta table aux côtés des indétrônables houmous et autres « tomates délice » : il n’y a que les dégénéré·e·s qui ne l’aiment pas !